AU PEUPLE MOBILISE !
Alex LOLLIA / Pointe-à-Pitre, le 17 Février 2009
Chers Camarades, du Centre Hospitalier de Pointe-à-Pitre, je vous adresse ces paroles pour vous rassurer sur mon état de santé. Je suis obligé de rester à l’hôpital puisque je souffre de lésions cervicales et de complications cardiaques consécutives à la violence des coups qui m’ont été portés par les forces de police.
Ma date de sortie n’a pas encore été indiquée mais même si mon corps est atteint, mon esprit reste parfaitement intact et je pense que cette épreuve a encore augmenté ma lucidité et ma détermination.
J’étais comme beaucoup d’autres camarades en lutte sur le terrain et notre démarche était pacifique : c’est celle qui a été définie par le L.K.P. .
Je suis un combattant aux mains nues ! Or en face de nous, les forces de police n’ont pas hésité à nous agresser sauvagement. Avec des camarades de l’U.G.T.G. et de la C.T.U., nous faisions tout pour calmer le jeu et encadrer les manifestants qui étaient pour la première fois venus nous apporter leur soutien. Nous avons vu tomber sur nous une véritable tornade de coups de matraque alors que nous avions déjà quitté les abords de la route nationale. Les « mamblo » nous ont pourchassés dans les ruelles de Belle-Plaine et même dans la mangrove, ils n’ont pas abandonné leur traque. C ‘est ainsi que j’ai compris qu’ils n’étaient pas seulement venus lever des barrages mais qu’ils étaient venus « casser du nègre » comme ils l’ont dit eux-mêmes. Ils m’ont encerclé et frappé. Je dois vous préciser ce qu’ils m’ont dit car je veux que vous compreniez à qui nous avons affaire. Lors que je recevais des coups de pieds dans le ventre et que je me traînais par terre, voilà ce qu’ils m’ont dit :
« On a vu ta sale gueule à la télé, on va te la casser et tu ne pourras plus la montrer. On va vous casser sales nègres, chiens de nègres ! »
J’ai vu qu’ils traînaient par les cheveux, une femme du quartier qui manifestait son indignation lorsqu’ils m’ont frappé. Ma seule arme a été de crier, d’hurler ce qui a provoqué la colère des habitants du quartier. C’est comme cela que j’ai pu en réchapper. Je ne sais ce qui est advenu de cette dame et je lui envoie, de mon lit, mon salut militant. Je la remercie d’avoir eu le courage, elle qui m’a sauvé avec les voisins du quartier. On dit que les Guadeloupéens sont des lâches mais voilà un exemple d’engagement et de courage.
Je demande aux militants de resserrer les liens, de s’armer de courage, de renforcer la mobilisation. Il faut encore élargir nos rangs et approfondir notre combat. C’est toute la Guadeloupe qui est derrière nous. La victoire est à portée de mains. Nous avons écrit une belle page dans le combat pour l’émancipation : la liberté commence aujourd’hui !
Du fond de mon lit d’hôpital, je dis à tous mes frères :
Du fond de mon lit d’hôpital, je dis à tous mes frères :
« Ansanm nou ka lité ! Ansanm nou ké gannyé ! »
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